En réaction à la fermeture de la quasi totalité des lignes de train couchettes SNCF il y a quelques années, OUI AU TRAIN DE NUIT, un collectif citoyen, a été la première voix à réclamer la réhabilitation des trains couchettes enterrés. Claire Serrurier, l’une de ses fondatrices, nous raconte son engagement et comment ces défenseurs du rail font bouger les choses.
Pourquoi les trains de nuit ont-ils quasiment disparu en France ?
Il fut un temps pas si lointain où la France profitait d’un réseau de train couchettes très dense, depuis la capitale mais aussi sur de nombreuses lignes transversales très pratiques. A partir de 2016, jugées peu rentables et vieillottes, ces lignes ont été fermées les unes après les autres, pour n’en conserver que deux. Les décideurs ont jugé à l’époque que le train couchette appartenait au passé. Et puis, il fallait réinvestir dans du matériel couteux, car celui qui roulait étant en fin de vie… En France, le choix a alors été de jeter le bébé avec l’eau du bain, c’est-à-dire d’enterrer la solution train de nuit avec les wagons hors d’âge qu’il fallait remplacer.
Pourquoi OUI AU TRAIN DE NUIT se bat pour relancer ces circulations nocturnes ?
C’est un moyen de transport tout simplement magique, irremplaçable. Rien à voir avec le bus, qui émet plus de CO2, propose moins de sécurité et de confort. Le train de nuit est LA solution idéale pour parcourir 800, 1 000 km… Et quand on habite une ville moyenne, excentrée ou non desservie par le TGV, c’est une question d’égalité des territoires que de pouvoir compter sur ce service pour se déplacer.
Comment votre collectif est-il né ?
Au départ, nous étions une poignée d’habitants de Perpignan, soucieux de notre empreinte carbone, voyageant avec bonheur grâce à notre train couchette qui nous reliait à la capitale et à bien d’autres villes en chemin. A l’annonce de l’arrêt du service en 2016, nous avons été scandalisés, et nous avons réagi avec les moyens du bord : on a scotché des tracts dans les toilettes des trains, créé une pétition, organisé des petits déj’ à l’arrivée des trains, des manifs-fanfares lumineuses dans des gares, activé les réseaux sociaux, alerté nos députés…
Votre mobilisation a-t-elle payé ?
Notre pétition rassemble aujourd’hui près de 200 000 signataires de toute la France. La région Occitanie a prêté une oreille attentive à nos revendications. Avec son soutien financier, nous avons obtenu en 2017 la réouverture du Paris-Perpignan-Port Bou, qui circule de nouveau de nuit les week-ends et les vacances scolaires. Une magnifique victoire, et du jamais vu ! Aucun train n’avait été remis sur les rails grâce à une mobilisation citoyenne. Nous espérons que ce n’est qu’un début.
Aujourd’hui, en Europe, certaines lignes sont réouvertes et la mobilisation citoyenne en faveur du train de nuit ne fait que grandir. Avez-vous confiance en l’avenir ?
Nous sommes plus que jamais mobilisés, et nous avons créé des liens à échelle européenne avec d’autres militants de la cause « train couchettes », réunis dans le projet Back on tracks. Nous pouvons désormais compter sur l’appui de nombreux voyageurs, d’associations, de cheminots et de députés que nous avons sensibilisé. Certains des membres de Oui au train de nuit font un travail colossal de documentation en épluchant les rapports. Ils ont démontré, chiffres à l’appui, que l’idée reçue de départ – le train de nuit appartient au passé et ne pourra jamais être rentable – est fausse. Plusieurs exemples européens sont prometteurs, comme en Autriche, avec la compagnie ÖBB qui ouvre de nouvelles lignes nocturnes en Europe depuis quelques années, avec succès. De quoi avoir bon espoir !
Comment rejoindre le mouvement ?
Oui au Train de nuit est ouvert à toutes les bonnes volontés pour nous aider à animer nos réseaux, classer des photos, organiser des actions… Que tous les amoureux du train couchettes n’hésitent pas à nous rejoindre !